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Penser les censures (2/4) : vers une typologie de la censure

Dans ses travaux portant sur les médias d’information, Pascal Durand (2004) identifie deux formes de censure : l’une « implicite » fondée sur le consentement spontané de ceux qui la subissent et qui rejoint le point de vue sociologique exposé dans « Penser les censures (1/4) : regards croisés » ; l’autre « explicite » avec la mise en place de dispositifs juridiques. Pourtant, nous pouvons encore ajouter d’autres types de censure.

The Daily Beast


La censure officielle

Issue d’un pouvoir institutionnel politique ou religieux (voire les deux à la fois), ou d’une hiérarchie militaire ou policière, la censure officielle est la forme la plus connue et la plus visible des censures en raison de la répression qu’elle engendre et de ses effets perceptibles. Il s’agit d’une censure d’État où le gouvernement en place interdit tels types d’expression ou telles formes d’idées. À cela s’adjoignent des restrictions à la liberté d’expression, qui sont régies par la morale ou la philosophie gouvernementale. Dans la pratique, la censure officielle se fait par l’intermédiaire de lois liberticides, ainsi que par le contrôle judiciaire des informations publiées et des sanctions y incombant.

Cependant, la censure officielle ne se caractérise pas uniquement par la mise en place d’interdits et de lois répressives. Bien au contraire, elle cohabite toujours avec la prescription d’attitudes et de comportements. Autrement dit, la censure n’existe pas sans la propagande (Viry, 2011). En effet, il ne peut y avoir annihilation de toute déviance sans introduction d’une forme injonctive parfaitement antithétique au comportement ou à l’objet combattu (Foucault, 1975 : 17).


La censure sociale

Comme nous l’avons déjà expliqué, il existe une forme de censure indirecte, qui s’exerce sans l’entremise d’un appareil répressif clairement identifié et qui agit sur les individus de façon insidieuse, voire inconsciente (Foucault, 1976 ; Barthes, 1978 ; Bourdieu, 2001). Ainsi, pour Antonio Gramsci (1996), l’« hégémonie culturelle » des classes dominantes leur permet d’avoir une emprise sur les représentations culturelles. Grâce à cela, elles peuvent transmettre au plus grand nombre leur propre vision du monde qui sera assimilée de manière unilatérale, voire comme allant de soi. Gramsci appelle cela « la fabrique du consentement ». De plus, cette forme de censure a cela de pernicieux, qu’elle dégage toute responsabilité d’oppression et de régulation des instances juridique (Foucault, 1975 : 17).

Couverture d’une édition anglaise de « Nous autres », de Zamiatine.• Crédits : Momentum


La censure positive

Nous l’avons déjà écrit : toute censure n’est pas nécessairement négative. Elle est positive lorsque sa fonction première est de maintenir l’équilibre de la société. À l’instar de l’interdit, elle est socialement nécessaire. Par exemple, Patrick Champagne défend l’idée que la censure dans les médias n’a pas pour but de les empêcher de dire ce qu’ils veulent, mais de dire n’importe quoi (2002 : 9).

Ainsi, les mauvaises utilisations de la censure ne doivent pas faire oublier la nécessité sociale à laquelle elle répond. Structurante, la censure rend possible la formation de l’être grégaire. Elle n’est pas à voir uniquement par ses aspects inhibants, mais aussi par ses fonctions habilitantes. Vincent Descombes nomme cela sous le terme de « donation positive » (2006 : 46). Il s’agit d’une somme de règles fondamentales qui permettent de dire ou de faire, créant ainsi des possibilités d’action. En ce sens, la censure est bien moins limitative qu’habilitante.

De plus, la censure positive a aussi pour objectif de protéger certaines catégories d’individus, comme par exemple les enfants. On parle alors de censure préventive : signalétiques du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, etc.


La censure économique

Se situant entre la censure officielle et la censure sociale, la censure économique résulte de la concentration des entreprises. Elle conduit à la constitution de monopoles, à des modes de production industrielle, tels que la standardisation, et au calcul de rentabilité. Cet ensemble de facteurs limite l’innovation et la créativité, ce qui sous certains aspects est une forme de censure.

Dans le monde des médias d’information, le développement des monopoles d’entreprise engendre ce que Serge Halimi appelle le journalisme de révérence : « la censure est […] plus efficace quand elle n’a pas besoin de se dire, quand les intérêts du patron miraculeusement coïncident avec ceux de “l’information” » (Halimi, 1997, 11). Journalisme de révérence, de connivence ou de marché, le journaliste se trouve pris au piège de la censure par son devoir d’information, sa volonté de « plaire » à son patron et la crainte du chômage.


La surabondance informationnelle

La censure a cela de paradoxal qu’elle peut tout aussi bien s’exprimer par le silence (musèlement des idées), que par le bruit. Comme l’a remarqué Umberto Eco dans une interview donnée au Nouvel Observateur :

« L’excès d’information équivaut au bruit. Le pouvoir politique dans nos pays l’a bien compris. La censure ne s’exerce plus par rétention ou élimination, mais par profusion pour détruire une nouvelle, il suffit aujourd’hui d’en pousser une autre juste derrière » .

(17-23 octobre 1991 – propos recueillis par Élisabeth Schemla)


En effet, dans notre société de l’information, « l’abondance peut s’apparenter à une nouvelle censure, non par défaut, comme lorsqu’on brûlait les livres, mais par excès, lorsqu’au lieu de les détruire on les noie dans la quantité » (Farrachi, 2007 : 29). La surabondance informationnelle participerait à rendre moins visible et moins accessible des opinions contraires à l’ordre établi ou à l’idéologie de certains groupes. Noyer les idées dissidentes dans un déluge informationnel, susciter « le dialogue sans fin, l’entropie communicationnelle, la cacophonie des convictions » (Roelens, 2008 : 26) s’assimile à de la censure.

Ainsi, comme nous venons de l’écrire, la censure est une notion bien plus complexe qu’il n’y paraît et qui nécessite d’être analysée avec prudence. Objet polymorphe, elle oscille entre l’idée de destruction de toutes formes de dissidences ou de mauvaises mœurs et celle de préservation des individus et de la communauté.



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